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Artist/Band: Leo Ferre
Lyrics for Song: La Mémoire Et La Mer
Lyrics for Album: Poetes & Chansons: Ferre [2006]



La marée, je l'ai dans le cœur qui me remonte comme un signe

Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne

Un bateau, ça dépend comment on l'arrime au port de justesse

Il pleure de mon firmament des années lumières et j'en laisse

Je suis le fantôme jersey, celui qui vient les soirs de frime

Te lancer la brume en baiser et te ramasser dans ses rimes

Comme le trémail de juillet où luisait le loup solitaire

Celui que je voyais briller aux doigts de sable de la terre



Rappelle-toi ce chien de mer que nous libérions sur parole

Et qui gueule dans le désert des goémons de nécropole

Je suis sûr que la vie est là, avec ses poumons de flanelle

Quand il pleure de ces temps-là, le froid tout gris qui nous appelle

Je me souviens des soirs là-bas et des sprints gagnés sur l'écume

Cette bave des chevaux ras, au raz des rocs qui se consument

Ô l'ange des plaisirs perdus, ô rumeurs d'une autre habitude

Mes désirs, dès lors, ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude



Et le diable des soirs conquis avec ses pâleurs de rescousse

Et le squale des paradis dans le milieu mouillé de mousse

Reviens fille verte des fjords, reviens violon des violonades

Dans le port fanfarent les cors, pour le retour des camarades

Ô parfum rare des salants, dans le poivre feu des gerçures

Quand j'allais, géométrisant, mon âme au creux de ta blessure

Dans le désordre de ton cul, poissé dans des draps d'aube fine

Je voyais un vitrail de plus, et toi fille verte, mon spleen



Les coquillages figurant sous les sunlights, cassés, liquides

Jouent de la castagnette tant qu'on dirait l'Espagne livide

Dieux de granits, ayez pitié de leur vocation de parure

Quand le couteau vient s'immiscer dans leur castagnette figure

Et je voyais ce qu'on pressent quand on pressent l'entrevoyure

Entre les persiennes du sang et que les globules figurent

Une mathématique bleue, sur cette mer jamais étale

D'où me remonte peu à peu cette mémoire des étoiles



Cette rumeur qui vient de là, sous l'arc copain où je m'aveugle

Ces mains qui me font du fla-fla, ces mains ruminantes qui meuglent

Cette rumeur me suit longtemps comme un mendiant sous l'anathème

Comme l'ombre qui perd son temps à dessiner mon théorème

Et sous mon maquillage roux s'en vient battre comme une porte

Cette rumeur qui va debout, dans la rue, aux musiques mortes

C'est fini, la mer, c'est fini, sur la plage, le sable bêle

Comme des moutons d'infini... Quand la mer bergère m'appelle.


Album Lyrics: Poetes & Chansons: Ferre [2006]


Leo Ferre
"Poetes & Chansons: Ferre [2006]"


1. La Mémoire Et La Mer
2. Les Poètes