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Bernard Lavilliers Lyrics for Song: Est-Ce Ainsi Que Les Hommes Vivent ?
 Lyrics for Album: Histoires [1999]
 
 
 
 24872>Tout est affaire de décor, changer de lit, changer de corps
 
 À quoi bon puisque c'est encore, moi qui moi-même me trahis
 
 Moi qui me traîne et m'éparpille et mon ombre se déshabille
 
 Dans les bras semblables des filles où j'ai cru trouver un pays
 
 Cœur léger, cœur changeant, cœur lourd, le temps de rêver est bien court
 
 Que faut-il faire de mes jours ? Que faut-il faire de mes nuits ?
 
 Je n'avais amour, ni demeure, nulle part où je vive ou meure
 
 Je passais comme la rumeur, je m'endormais comme le bruit
 
 
 
 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
 
 Et leurs baisers, au loin, les suivent
 
 
 
 C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à table
 
 On faisait des châteaux de sable, on prenait les loups pour des chiens
 
 Tout changeait de pôle et d'épaule, la pièce était-elle ou non drôle
 
 Moi si j'y tenais mal mon rôle, c'était de n'y comprendre rien
 
 Dans le quartier Hohenzollern, entre la Sarre et les casernes
 
 Comme les fleurs de la luzerne fleurissaient les seins de Lola
 
 Elle avait un coeur d'hirondelle sur le canapé du bordel
 
 Je venais m'allonger près d'elle dans les hoquets du pianola
 
 
 
 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
 
 Et leurs baisers, au loin, les suivent
 
 
 
 Le ciel était gris de nuages, il y volait des oies sauvages
 
 Qui criaient la mort au passage au-dessus des maisons des quais
 
 Je les voyais par la fenêtre, leur chant triste entrait dans mon être
 
 Et je croyais y reconnaître du Rainer Maria Rilke
 
 Elle était brune et pourtant blanche
 
 Ses cheveux tombaient sur ses hanches
 
 Et la semaine et le dimanche, elle ouvrait à tous ses bras nus
 
 Elle avait des yeux de faïence et travaillait avec vaillance
 
 Pour un artilleur de Mayence qui n'en est jamais revenu
 
 
 
 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
 
 Et leurs baisers, au loin, les suivent
 
 
 
 Il est d'autres soldats en ville et la nuit, montent les civils
 
 Remets du Rimmel à tes cils, Lola, qui t'en iras bientôt
 
 Encore un verre de liqueur, ce fut en avril à cinq heures
 
 Au petit jour que dans ton cœur, un dragon plongea son couteau
 
 
 
 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
 
 Et leurs baisers, au loin, les suivent comme des soleils héroïques.
 
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